Samedi matin, avec Monique, on s’est dit que ce serait une bonne idée de se faire une orgie d’œufs brouillés et puis d’embarquer dans la Volvo pour aller chiner des chaises désuètes. A 10 h tapantes, ça a frappé à ma porte et en ouvrant, j’ai trouvé Monique brandissant son paquet de sel en disant : « J’espère que tes poules se sont un peu crevées le cul et qu’elles ont pondu« . Je lui ai demandé ce qu’elle foutait avec son sel, si c’était un truc à elle, de toujours se balader avec un paquet de fleur de sel ou si c’était simplement pour se prémunir des esprits qui hantent ma maison, mais elle a répondu « Oh avec toi, on ne sait jamais » et je dois bien reconnaître qu’elle a un peu raison.
J’ai mis mes chaussures en plastique et je suis allée au poulailler en croisant le doigts. Les poules avaient pondu juste ce qu’il fallait, quatre œufs en tout, de quoi sustenter deux bougresses pas très affamées. J’ai remercié mes petites cocottes d’avoir si bien travaillé, et les pieds tout crottés, j’ai rejoint Monique qui attendait de pouvoir me prouver qu’elle mérite de figurer dans le Guiness Book, section meilleurs oeufs brouillés.
On a fait griller du pain. On a mis du beurre, plein. Du beurre au cristaux de sel, tu penses. Le meilleur. On a cassé nos œufs dans la casserole et Monique les a remués sans broncher, avec amour et avec son fouet (elle avait aussi embarqué son fouet parce que vous savez ce que c’est : avec moi, on ne sait jamais). Je lui ai fait remarqué que je les préparais exactement de la même façon qu’elle mais que je les crémais en fin de cuisson et elle a répondu : « Ah non, moi je ne mets de la crème que quand je suis déprimée« , et comme elle n’était pas du tout déprimée, elle a attendu qu’ils soient baveux juste ce qu’il faut pour arrêter la plaque de cuisson et en napper les toasts en disant : « Ne te fie surtout pas à l’aspect vomi, je suis sûre qu’ils sont excellents« .
Et c’est vrai qu’ils étaient excellents. Tellement bons que j’en ai renversé mon jus d’orange. Ca a donné un joli camaïeu de jaune sur la table alors on a mis le tout sur Instagram et Monique a suggéré d’intituler la photo « Etude sur le jaune » ou « Pantone 114 EC » et c’est vrai que c’était tout à fait approprié.
Pantone 114EC, donc.
Après ça, on s’est mis en route vers l’Emmaüs le plus proche pour y balancer quelques vieux trucs, histoire de débarrasser les placards, et aussi d’embarquer d’autres vieux trucs, histoire d’encombrer nos maisons respectives. Oui je sais, ça n’a pas de sens.
Au rayon des jeux de société, il y avait La roue de la fortune avec Christian Morin sur la boîte. Et aussi un Hotel deuxième édition (avec les bases de loisirs encore cool, you know what I mean).
Au rayon des cadres, il y avait beaucoup de canevas très très laids et on n’en a pas achetés. Pas même celui-ci qui, pourtant, m’a rappelé mon enfance étant donné qu’on avait le même sur un mur du salon (maman dirait « Oui mais c’était la mode à l’époque !« ) (genre).
Vas-y maman, assume quoi.
On n’a pas non plus acheté de crucifix même s’il y avait l’embarras du choix.
En revanche pour le formica, vous repasserez hein. C’est pas compliqué, Monique et moi, on est à deux doigt de se faire des t-shirts spécial brocante sur lesquels on fera imprimer : « Cassez-vous, on a déjà raflé tout le formica« . Pour 60 balles, on a dégoté un buffet en formica avec une jolie vitrine et on s’est dit qu’après une telle trouvaille, il était temps de repartir. En s’asseyant dans la voiture, Monique m’a fait remarquer que si on voulait, la semaine prochaine, on pouvait descendre dans la grande ville avec notre buffet et le revendre six fois le prix sans trop se crever le cul. Mais comme l’argent nous intéresse beaucoup moins que le formica (et que les 45 tours de Jean-Pierre Mader), on a préféré garder le buffet pour pouvoir le regarder à chaque fois qu’on se fera des œufs brouillés et des toasts dans la future cuisine d’été.
Avant de quitter le parking, comme je venais de me féliciter d’avoir fait des affaires, Monique m’a raconté cette histoire : « Tiens, en parlant de faire des affaires… Un jour, je suis venue ici toute seule et un type en survêt’ en velours m’interpelle sur le parking et me dit : « Mademoiselle, vous cherchez des meubles ? J’ai un meuble qui pourrait vous intéresser. Si vous voulez, je peux vous le montrer, il est dans ma camionnette, je l’ai garée un peu plus loin là-bas, sur le chemin avant le bois« . Alors évidemment, je lui ai dit que j’étais pas intéressée et je me suis barrée. Je peux te dire que c’est une sacrée chance que j’aie regardé autant de Faites entrer l’accusé« .
Décidément, je crois qu’il est grandement temps que les pervers cessent de porter des joggings en velours et de s’inspirer des thrillers les plus connus pour mettre au point leur technique d’approche. Et que l’on arrête de surestimer la valeur des meubles en formica qui, y a cinq ans encore, étaient relégués dans les sous-sols et servaient à ranger les bocaux et les outils. Et puis par dessus tout, pour l’amour de Dieu, qu’on nous rende Christophe Hondelatte.

![IMG_1775[1]](https://cxbreaketdinosaures.com/wp-content/uploads/2014/02/img_17751.jpg?w=386&h=386)
![IMG_1776[1]](https://cxbreaketdinosaures.com/wp-content/uploads/2014/02/img_17761.jpg?w=386&h=386)
est il possible Mesdames de voir le dit buffet (si ca se trouve y’a pas de buffet et cst juste du BLUFF). (on ne me la fait pas).
Mais qu’est ce que ça peut bien faire? Qu’il existe ou non ce meuble, on a quand même bien gloussé à la lecture de l’article non?? Chercher la vérité à tout prix, ce serait un peu comme essayer de raisonner un petit nain de 4 ans quand il raconte que chaque nuit mr Sommeil vient le chercher dans son lit en camionnette pour l’emmener au pays des rêves, où les maisons sont en pain d’epice, les chemins en chocolat et les arbres en sucres d’orge…
LAISSEZ LA MAGIE ENTRER DANS NOS SOMBRES EXISTENCES QUE DIABLE 🙂
Je veux un poulailler et puis après Monique elle viendra faire sa pantone-frime chez moi aussi (tu apporteras le sel il doit t’en rester du coup).
J’apprends un truc. Je pensais que le formica c’était le ikea de nos grands parents, le truc que quand t’annonces 2€ aux puces on te rigole au nez. Mais non, en fait.