Let it snow

Ce soir c’est le réveillon de Noël et tout ce que j’ai envie de faire, c’est rester sur mon canapé dans un plaid en pilou, à regarder Rencontre du 3ème type en mangeant de la soupe aux lentilles.

A cause du vent, le sapin décoré, devant ma porte, est déjà tombé trois fois, alors j’ai décidé de le laisser couché par terre et tant pis pour les boules cassées et pour celles qui ont roulé jusqu’à la route, finissant écrasées sous les roues d’un 4×4. Ca perturbe un peu le voisin, qui est venu m’emprunter des oeufs après que sa femme a raté sa première tentative de gâteau Opera selon la recette de Mercotte, et qui m’a proposé de le relever, mais j’ai dit « laisse-le comme ça, il tombera pas plus bas », et il l’a enjambé un peu confus. Hé mais, attendez une minute, deviendrais-je hermétique à l’esprit de Noël ? Qui sait.

Ce que j’ai toujours préféré dans Noël (je veux dire, depuis que je suis adulte), c’est les semaines qui précèdent le réveillon, la fête en soi n’ayant plus guère d’importance ni de réel intérêt (hormis celui de boire du bon vin et de porter des collants plumetis, je vous le concède).

Les mugs à feuilles de houx et les cacaos à la cannelle. Les cappuccinos avec un flocon de neige de chocolat râpé dessiné à la surface de la mousse de lait. Les mandarines acides et leur écorce qu’on fait sécher sur le fourneau. Les pains d’épices allemands en forme de coeurs enrobés de chocolat noir. Les pulls moches en jacquard rouge et blanc enfin assumés. Les corbeilles de noix et de dattes qui collent. Les guirlandes d’ampoules clignotantes dans les bruyères et les hellébores. La rediffusion d’E.T. l’extra-terrestre.  Les bûches qui craquent dans le poêle en fonte. Les soirées TV dans mon gros gilet en laine torsadée. Le photophore poinsettia et la théière avec anse en bois et couvercle petit renne. Les dimanches en slip, t-shirt et chaussettes de ski.

Bien sûr mon opinion différerait sensiblement si j’avais encore sept ans et demi et commandé la Barbie Féerie. Sauf que la Barbie féerie et sa robe phosphorescente étoilée n’ont pas été ré-éditées depuis 1988 au moins. Au lieu de ça, j’ai commandé une robe noire en cachemire et un livre de botanique et je parie que je vais encore me coltiner un set de serviettes de toilettes et une composition florale avec des pommes de pin. Et je suis désormais une grande personne endettée sur 4 mois pour avoir demandé le paiement échelonné des consoles de jeux portatives que ces sales gosses ne méritent même pas. Alors forcément, les papillotes en chocolat n’ont plus la même saveur et les questions dans les emballages des Apéricubes n’ont plus guère d’intérêt.

Et puis en plus, il n’a même pas neigé.

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